Au temps où il était soldat dans l’armée romaine, et durant un hiver plus rude qu’à l’ordinaire, le cavalier Martin rencontra un pauvre homme, qui avait bien froid et il eut grand’pitié de ce malheureux.
« Mon frère, lui dit-il, après avoir arrêté son cheval, mon frère, accepte la moitié de mon manteau; tu le mettras sur tes épaules et tu auras moins froid. »
Disant cela, Martin prenait son épée et coupait une partie du manteau pour en couvrir le malheureux.
Ses camarades, qui avaient vu l’action sans la comprendre, se mirent à rire, en se moquant du soldat Martin qui n’avait plus qu’une moitié de manteau. Mais celui qui devait être un jour le « bon saint Martin » ne se fâchait point des moqueries dont il était l’objet. Au contraire, il souriait et se répétait à lui-même ces belles paroles de fraternité: « Aimons-nous les uns les autres ».
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