De même en Pologne: le fécond Józef Ignacy Kraszewski (1812-1887) publia vingt-neuf romans du temps de l’indépendance, d’autant plus précieux pour ses compatriotes que l’histoire de la Pologne était exclue de l’enseignement.
Teodor Tomasz Jeż (1824-1915) inaugura le tableau des ancêtres à demi barbares, et devança les autres littératures slaves à cet égard: Les Uscoques (1870) fut très apprécié en Yougoslavie, où il fut une révélation.
Henryk Sienkiewicz (1846-1916) donna en ce genre de véritables chefs-d’œuvre: la trilogie Par le fer et par le feu, Le Déluge, Messire Wolodyjowski (1884-1888), où revit avec un éclat incomparable la Pologne de 1648 à 1672, et Les Chevaliers teutoniques. Esprit très cultivé, doué d’une fine intuition morale, il s’intéresse moins au décor de la vie qu’à l’âme des personnages, et peint la femme polonaise avec un bonheur particulier. Prosateur brillant et délicat, il excelle à tracer des figures expressives, à unir l’histoire et la fiction. Ces ouvrages, et ses autres romans l’ont fait saluer comme le plus grand romancier de la Pologne.
En Finlande, Zachris Topelius (1818-1898) est célèbre par ses amples Récits d’un chirurgien militaire (1851-1866), écrits en suédois, qui embrassent les destinées de deux familles de 1600 à 1780.
Ivan Vazov (1850-1921) traça dans Sous le joug (1889) le tableau des milieux de conspirateurs qui avaient préparé la liberté de la Bulgarie.
Dans ces vastes fresques sociales et nationales, les traits individuels risquent d’être parfois négligés.