François Villon, poète français, de son nom véritable Montcorbier, né à Paris en 1431; recueilli par maître Guillaume Villon, bachelier, chapelain de Saint-Benoit-le-Bétourné; inscrit comme étudiant sur les registres de l’Université de Paris, où il fit trop souvent l’école buissonnière comme il s’en est accusé lui-même; banni à la suite d’un meurtre commis dans une rixe; et mêlé dès lors dans une société d’escrocs et de crocheteurs de serrures, qui le menèrent au pied du gibet et lui laissèrent le triste renom que ses talents poétiques ne purent effacer.
Cet écolier paresseux et libertin, amateur du plaisir et des repues franches, qui vécut dans les boues de Paris, qui faillit être pendu, était un vrai poète. Les divers accidents de sa vie désordonnée apparaissent dans ses œuvres bigarrées et diverses comme son existence. Le libertinage y a une grande part; le repentir, les pensées sérieuses, les regrets, la mélancolie lui ont fourni plus d’une stance dont la mémoire des hommes conservera longtemps le souvenir, car il plonge au plus profond de notre âme et y remue les sentiments les plus intimes qui troublent souvent notre vie. Obscur et rude, trop souvent grossier, mais aussi concis dans l’expression d’une idée que dans la composition d’une pièce, Villon n’a voulu se servir que d’une seule forme, la ballade, où il passa maître; ses ballades sont émaillées de tableaux d’un vers, de sentiments exprimés d’un mot. Sous ses traits sombres et nets, on apprend à distinguer le maître de Marot, de La Fontaine, et, comme on l’a justement reconnu, le plus fidèle historien de la bourgeoisie d’alors. Villon ferme la liste des poètes du moyen âge; et par la fermeté de sa langue, l’originalité de ses pensées, le nerf de ses constructions, il indique uné époque nouvelle.