Noble figure de poète à qui convient le costume antique et pour qui le laurier semble une parure naturelle.
Pierre de Ronsard (1524-1585)
Célèbre poète français, issu de race hongroise, né en 1524, au château de la Poissonnière (en Vendômois), mort en 1585. Page du duc d’Orléans, puis de Jacques V, roi d’Écosse, il accompagna Lazare de Baïf dans son ambassade à la diète de Spire. Pris de surdité, il ne voulut plus s’intéresser qu’à l’étude, et il y porta une fougue extraordinaire.
La fièvre de la Renaissance enflammait son cerveau. Il entreprit de réformer complètement la poésie française en la retrempant aux sources classiques, en lui infusant ainsi ces qualités de vigueur, d’élévation et de noblesse, qui, chez elle, n’allaient pas encore de pair avec la finesse, la légèreté, la grâce. Ambitieux de faire revivre Homère et Pindare, il se lança impétueusement dans la carrière et devint, du jour au lendemain, le chef de la Pléiade. Sonnets, élégies, épithalames, odes, comédie (traduction du Plutus d’Aristophane), épopée (la Franciade), tragédies, églogues, il ne délaissait aucun genre, il embrassait à la fois toutes les parties de la poésie.
Ronsard avait donné au vers un nombre plein et sonore, un accent mâle et robuste qu’on ignorait avant lui. On ne sentit pas d’abord ses défauts, on n’aperçut que l’originalité relative, l’énergie, la souplesse de talent du novateur. Jamais renommée ne fut plus bruyante. Il devint l’oracle du Parnasse, le roi des poètes, le miracle de son siècle; il était Apollon lui-même. Cette longue apothéose eut son retour. À l’idolâtrie des contemporains firent place les dédains du XVIIe siècle et l’ignorant oubli du XVIIIe. Il a été donné à la critique moderne de remettre en son véritable jour ce génie incomplet, – astre intermittent, qui, pour s’être voilé de nuages, n’en eut pas moins de magnifiques rayonnements. Le poids d’une érudition indigeste et pédantesque oppressa son souffle et alourdit le vol d’une imagination naturellement inventive, féconde, hardie, pleine de verve et d’enthousiasme. Sa langue magniloquente eut des discordances pénibles. Et quelles chutes soudaines, quelles disparates de ton!
En un mot Ronsard était très inégal; mais quand il abandonnait son système de grécisme et de latinisme, quand il était lui-même, tout entier à sa double passion de l’art et de la nature, les beautés ruisselaient sous sa plume, richesse d’expression, grandes et fières images, créations pittoresques, détails charmants, pensées exquises. Le célèbre Vendômois fut, à tout prendre, le premier poète de son siècle en France, et, à bien des égards, le précurseur des grands lyriques du XIXe siècle.