Tristan et Iseut – La mort
Le roman français de Tristan et Yseult (XIIe siècle) appartient au cycle breton. Il en existe deux versions principales: l’une est attribuée à un trouvère nommé Béroul; l’autre a pour auteur un trouvère du nom de Thomas. Ce roman a pour sujet l’amour fatal, irraisonné, que se gardent Tristan et Yseult. Il eut une vogue immense, et fut traduit dans la plupart des langues de l’Europe.
Mort d’Yseult
Tristan, malade en Armorique et sur le point de mourir, a envoyé des messagers à la reine Yseult, dans le pays de Cornouailles, pour la prier d’accourir à son chevet. Elle s’embarque. Arrivée au but du voyage, le calme plat l’empêche d’aborder. Le vent se lève enfin, Yseult débarque, mais il est trop tard: Tristan vient d’expirer. Yseult prie pour lui, et, s’étendant à côté du cadavre, elle rend l’esprit.
Le vent s’est levé sur la mer et se jette au milieu du pavillon d’Yseult, il fait venir à terre le navire; Yseult en est sortie et entend les grandes plaintes dans la rue, les saints qu’on invoque aux moutiers, aux chapelles; elle demande aux gens quelles nouvelles sont arrivées, pourquoi ils font une telle sonnerie et au sujet de qui a lieu cette lamentation. Alors un ancien lui dit: « Belle dame, si Dieu m’aide, nous avons tellement grande douleur, que jamais gens n’en eurent plus grande. Tristan le preux, le loyal, est mort; à ceux du royaume sera déconfort. »
Une fois qu’Yseult eut entendu la nouvelle, de douleur elle ne peut dire mot, tant de sa mort elle était affligée. Elle va par la rue, les vêtements en désordre, avant les autres au palais. Les Bretons ne virent jamais femme de sa beauté; ils s’émerveillent par la cité d’où elle vient, qui elle est. Yseult va là où elle voit le corps, puis se tourne vers l’orient et prie pour lui d’une façon touchante: « Ami Tristan, puisque je vous vois mort, raisonnablement je ne puis ni ne dois vivre. Vous êtes mort pour mon amour, et je meurs, ami, de tendresse, parce que je n’ai pu venir à temps. » Près de lui elle va alors se coucher, l’embrasse, s’étend, et à cet endroit même rend son esprit.
Tristan et Iseut – Le philtre