Le XIXe siècle – Tableau tendanciel et aperçu général

TABLEAU TENDANCIEL

Sous le premier Empire, la littérature est absorbée par la politique.

Sous la Restauration et le Gouvernement de Juillet, tendance idéaliste et sentimentale.

Sous le Second Empire, tendance réaliste et positiviste.

Sous la troisième République, tendance naturaliste et licencieuse.

À partir de 1890, réaction idéaliste.

Le réalisme peint la vie telle qu’elle est, bonne et mauvaise; l’idéalisme peint la vie telle qu’elle devrait être, transfigurée par des sentiments élevés; le naturalisme en fait ressortir les côtés bas et laids.

La littérature idéaliste repose sur l’invention, la littérature réaliste sur l’observation.

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APERÇU GÉNÉRAL

Pendant la 1re moitié du 19e siècle et surtout durant les années relativement calmes de la Restauration (1815-1830), la poésie retrouve de l’essor grâce à l’École Romantique, et la prose s’épanouit dans l’éloquence, l’histoire et la critique. D’autre part les genres légers, théâtre et roman, pulullent et se démoralisent. Les influences étrangères se font sentir; le romantisme français s’inspire de Shakespeare, Byron et Scott, de Gœthe, Schiller et Heine.

Pendant la 2de moitié du 19e siècle, on écrit trop pour bien écrire; on fait de la littérature un métier lucratif. Le feuilleton et la revue remplacent le livre. Les Écoles et les tendances les plus contraires se montrent, s’entrechoquent et disparaissent: École parnassienne, symboliste, néo-romantique, etc. Les questions sociales font irruption dans les lettres; le roman, le drame attaque ou défend telle thèse politique, économique. L’influence étrangère s’accentue. Taine fomente le courant anglais; Michelet, le courant allemand; et tandis que le Grand Opéra ouvre ses portes au Wagnérisme, le Théâtre Libre (fondé en 1885 et devenu en 1897 le Théâtre Antoine) accueille les drames scandinaves et allemands: Ibsen, Hauptmann, Sudermann.

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Werther, René, Obermann, Adolphe

Les quatre héros du roman personnel d’analyse dans le (pré)romantisme: Werther, René, Obermann, Adolphe.

Voici comment Vinet rapproche ces quatre « héros ». Traits communs: paresse de cœur, qui est une des plus profondes racines du mal moral; absence de foi dans le vrai, dans le beau, ou dans le bien. Cette paresse de cœur peut d’ailleurs se joindre à une grande activité physique et intellectuelle.

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Werther n’est « qu’un Saint-Preux allemand et bourgeois, amoureux d’une Julie à peu près irréprochable ». Cause de son suicide: Charlotte répond à son amour et ne peut lui appartenir. Pourquoi Werther n’est plus aujourd’hui dangereux: « on se tue bien encore, mais on ne se tue plus par amour », ce qui ne prouve pas que nous valions mieux « depuis que l’amour ne dispose plus de notre vie ». Werther est d’une vérité parfaite, mais un peu commune: « caractère simple, âme bonne », il inspire de la pitié, non du respect. Il a beaucoup de raison; c’est lui qui déclare: « Si nous avions le cœur ouvert à jouir du bien que chaque jour nous apporte, nous serions par là même en état de supporter notre mal à mesure qu’il nous est envoyé. » Mais il n’a pas assez de force pour suivre sa raison; voilà sa maladie.

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Adolphe, « un des livres les plus spirituels qu’on ait écrits ». « L’esprit d’Adolphe est arrivé de l’autre côté de tout. » À côté de ce désabusé, tous les autres paraissent naïfs. On a peur de se trouver seul avec lui. René attire; Adolphe n’excite ni sympathie, ni enthousiasme; « tristesse sèche », « verité dure » du livre. Ni foi, ni espérance, ni idéal. Souffrance personnelle qu’on éprouve à la lecture du livre. Alliance de l’égoïsme et de la sensibilité; l’idée est à la base du roman. Le désespoir moral qui résulte de la lecture d’Adolphe est la moralité du récit: l’homme sensible, égoïste, faible, sans principes.

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Le plus proche de René, c’est Obermann. René et Obermann se ressemblent. Mais ils s’opposent à d’autres points de vue, et voici les principales dissemblances: René discute peu, il écoute le P. Souël; Obermann discute sans cesse, il ne l’écouterait pas. René a des impressions, Obermann, des opinions. « L’un est emporté par la passion du vague », et ce qu’il aime dans le vague, c’est l’immensité; l’autre, « par l’indépendance de la pensée », et c’est la liberté qu’il cherche. La nature enivre René, âme plus tendre. Obermann « cherche à s’agrandir avec la nature », son admiration est plus contemplative. René cherche l’âme sœur au sein de la nature; Obermann n’y cherche que la « force vivante », qui est son seul dieu. Chez René, « la tristesse domine l’ennui »; « Obermann est ennuyé sans être triste. On aime René, on ne doit aucun sentiment à l’autre. »

Au point de vue de l’art, René est un maître-livre; Obermann n’est qu’une suite de pages remarquables. La mise en œuvre n’est pas comparable. Longueurs d’Obermann. Œuvre poétique et séduisante, René peut guérir « quelques-unes des plaies qu’il a ouvertes ». « La rêverie, à tout prendre, vaut mieux encore que la sécheresse d’un scepticisme ergoteur. » (VINET, Études sur la littérature française au XIXe siècle, t. I.)

Il y a là pas mal de réserves à faire. Vinet juge au nom de la morale religieuse, et il dénonce dans Obermann « l’affreuse saveur d’athéisme dont tout le livre est saturé », en ajoutant que non seulement l’athéisme est « mauvais », mais qu’il est « fort laid », et par conséquent fort peu « littéraire ». Passe encore (Vinet va jusqu’à cette concession), pour « l’impiété désespérée, furieuse »; mais, reprend-il « les négations froides et méprisantes de M. de Senancour sont au-dessous de la prose elle-même ». Il est facile de trouver des jugements tout à fait opposés, par exemple dans G. Pellisier, Précis de l’histoire de la littérature française, 5e partie, ch. IV.

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George Sand – Nohant

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Harmonies poétiques et religieuses

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Harmonies poétiques et religieuses est un recueil de poésies par Lamartine (1830). Elles furent composées en Italie, alors que le poète était chargé d’affaires de France à Florence. L’inspiration des Harmonies est celle du Psalmiste: ce sont des hymnes d’adoration adressés à la Divinité, pleins d’optimisme et d’enthousiasme. La nature, et surtout la nature italienne, y est rendue par des images grandioses et un pittoresque abondant, mais elle est toute pénétrée de l’idée de Dieu: ce sont, comme on l’a dit, « des paysages qui prient ». À force de s’absorber dans les choses, le poète aboutit à une sorte de panthéisme; mais c’est un panthéisme d’imagination qui laisse entière l’inspiration chrétienne. Nulle part le talent facile et fluide de Lamartine ne s’est épanché plus librement que dans les Harmonies et n’a mieux donné l’impression de l’improvisation spontanée. Ce que cette poésie a parfois de vague dans le fond, d’incorrect et de monotone dans la forme, est amplement racheté par la magnificence des images, l’ampleur du mouvement, par la variété et la musique du rythme.

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Gavroche

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Gavroche, type immortel du gamin de Paris, plein de gaieté, de malice, de courage et d’endurance, de bonté aussi. (Victor Hugo, Les Misérables)

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