La Chandeleur

Le mulet de Thalès

Plutarque rapporte que deux mulets chargés de sel passaient une rivière, lorsque l’un d’eux vint à glisser et tomba dans l’eau sans le vouloir; tout le sel s’étant fondu, il en sortit complètement débarrassé. L’animal avait parfaitement conservé la mémoire de ce fait et chaque fois qu’il passait une rivière, il s’y laissait tomber exprès, afin d’obtenir le même résultat que la première fois. Le philosophe Thalès, ayant entendu parler de cette ruse de mulet, ordonna qu’on remplaçât par des éponges et de la laine le sel contenu d’ordinaire dans les sacs et qu’on laissât aller ainsi le mulet vers la rivière. Celui-ci s’y plongea encore, pensant obtenir le résultat accoutumé, mais il en fut tout autrement, et le malheureux, pesamment chargé de ses éponges et de sa laine imprégnées d’eau, eut toutes les peines du monde à regagner le rivage. À partir de ce moment, il prit toutes les précautions, lorsqu’il avait à traverser une rivière, pour ne pas mouiller ses sacs. La Fontaine a évidemment emprunté à Plutarque le sujet de sa fable L’Âne chargé d’éponges et l’Âne chargé de sel.

Fruits et légumes

Certains fruits et légumes ne figuraient pas à table autrefois ou alors on les mangeait tristement, comme on « prend » de l’huile de ricin.

Le chou, au XVIIe siècle, passait pour arrêter la chute des cheveux. On en mangeait dans l’espoir d’enrayer une calvitie naissante.

Le citron était employé par les élégantes pour raviver l’éclat de leurs lèvres. Elles en mordillaient la peau au lieu de passer un bâton de rouge.

Les groseilles à maquereau n’étaient pas un dessert. On les servait pour accomoder le poisson et, en particulier, le maquereau, mais il fallait qu’elles fussent vertes.

L’ail était recommandé à certains mois – avec du beurre frais. On disait qu’il donnait une santé robuste.

Les pommes, en particulier l’espèce dite « court-pendu », étaient employées pour parfumer le linge.

Certains fruits et légumes étaient méprisés. La framboise était considérée comme un fruit de ronces et laissée au peuple. C’est ce qui arrivait jadis aussi, dans certaines régions, aux mûres qui poussent dans les haies. Les gamins même les dédaignaient, de peur d’attraper des fièvres, alors que nous savons en faire de si bonnes confitures!

Les lentilles étaient jugées bonnes pour le bétail. Il en fut de même, pendant quelque temps, de la pomme de terre.

Le melon fut longtemps pris comme remède et, comme tel, mangé au début des repas.

Par contre, l’oignon jouissait, chez les anciens, d’une considération spéciale. Les Égyptiens en mettaient dans les cercueils afin que les morts en jouissent pendant l’éternité.

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Les chemins de l’écriture

Avant l’invention de la machine à écrire, une belle écriture était indispensable, au moins pour débuter dans la carrière. Alexandre Dumas en a fait l’heureuse expérience: il était depuis peu à Paris lorsqu’il fut recommandé au général Foy qui lui demanda de s’asseoir et d’écrire son nom, son adresse. Le jeune Dumas obéit. Dès qu’il vit la feuille remplie, le général, satisfait, s’exclama: « Nous sommes sauvés, vous avez une belle écriture! » Quelques jours après, Alexandre Dumas était nommé surnuméraire dans les bureaux du duc d’Orléans. Son chef de bureau le présenta ainsi au duc d’Orléans: « Je supplie Monseigneur d’accorder le titre de commis à ce jeune homme qui possède une fort belle écriture et qui même ne manque pas d’intelligence. »

C’est aussi sa belle écriture qui permet au grand conteur Edgar Poe de se faire imprimer. Un jour, l’éditeur auquel il présente un ouvrage feuillette le manuscrit et, séduit par la « majestueuse » écriture de l’auteur des Histoires extraordinaires, se met à lire sur-le-champ. Ainsi l’écrivain a le pied à l’étrier …

Racine recommande à son fils: « Je vous dirai aussi que vous me feriez plaisir de vous attacher à votre écriture. »

Jules Vallès, dans une distribution de prix, interrogea un collégien, lauréat des prix les plus importants: « Écrivez-vous bien? » – « Je griffonne comme un chat. » – « Alors, malgré votre latin et votre grec, vous crèverez de faim toute votre vie. »

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Homonymes

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De quelle langue voulez-vous vous servir pour parler avec moi? disait le docteur Pancrace à Sganarelle. – Mais sans doute de la langue que j’ai dans ma bouche, lui répondit son interlocuteur.

Un jeune enfant, rencontrant au milieu de la rue le prêtre qui lui enseignait le catéchisme, passa près de lui sans le saluer. Celui-ci assez surpris, l’arrête et lui reproche ce manque de politesse; mais l’enfant, sans se déconcerter, lui réplique vivement: Ne nous avez-vous pas dit ce matin, Monsieur le curé, hors l’église pas de salut?

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