Madame de Staël

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Mme Necker de Saussure indique que « les productions de Mme de Staël servent d’autant mieux à la représenter, qu’elle a voulu, en écrivant, exprimer ce qu’elle avait dans l’âme, bien plus qu’exécuter des ouvrages de l’art … C’est dans les ouvrages de Mme de Staël qu’il faut chercher la trace d’elle-même, trace imparfaite peut-être, mais pourtant extraordinairement brillante. C’est là que ses amis retrouvent, avec des impressions toujours nouvelles, d’ineffaçables souvenirs; c’est là qu’ils reconnaissent jusqu’aux affections de Mme de Staël, parce que tout partait du cœur chez elle, même la pensée. »

Notice sur le caractère et les écrits de Mme de Staël, en tête de l’édition de Dix ans d’exil, Garnier, Introduction.

Vinet (et bien d’autres après lui en feront autant) redira la même chose: « Chacun des livres de Mme de Staël est un portrait de cette femme célèbre; elle est profondément subjective, comme nous disons aujourd’hui, elle ne se sépare jamais d’elle-même pour s’unir à son sujet, car elle-même et son sujet ne sont qu’un. Elle ne s’est élevée à l’objectivité, elle ne s’en est du moins approchée, que dans ses deux derniers écrits; mais on peut dire de tous les autres ce qu’un écrivain moderne a dit, avec plus ou moins de sérieux, d’un de ses propres ouvrages: « Ce livre est fait de mon âme, oui, de mon âme et de ma douleur. »

« Le reproche d’affectation était souverainement injuste; personne n’est plus que Mme de Staël au-dessus de cette faiblesse; les imprudences de sa diction sont d’entraînement et non de calcul, et peut-être n’a-t-elle que trop écrit avec toute son âme et mis toute sa vie dans ses ouvrages. Non seulement elle n’a pas composé un livre, mais peut-être n’a-t-elle pas écrit une phrase qui n’ait été essentiellement une action. »

A. VINET, Études sur la littérature française au XIXe siècle, t.I: Mme de Staël.

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