Une auberge à la fin du 18e siècle

Vers la fin du XVIIIe siècle, les voyages en diligence, en chaise de poste, en voiture, en messagerie, n’étaient pas toujours favorisés par l’état des grandes routes, qui devenaient impraticables à mesure qu’on s’éloignait de Paris. Ces routes avaient été construites ou réparées au moyen des corvées, mais leur entretien laissait partout à désirer, malgré les travaux qu’y avaient fait exécuter les intendants en imposant aux populations un certain nombre de journées d’hommes et de charrois.

Ce n’était pas encore là le principal obstacle que les voyageurs rencontraient à l’intérieur du pays. On redoutait, avec raison, de passer la nuit dans les auberges, et l’on ne voyageait presque jamais la nuit, par crainte des accidents et des voleurs. Rien n’était si fréquent que l’attaque d’une diligence ou d’une malle-poste.

On citait même certaines routes où ces agressions nocturnes se produisaient plus ordinairement qu’ailleurs, par exemple à la montée de Juvisy. Les malfaiteurs choisissaient l’instant où la voiture gravissait lentement la côte et se trouvait livrée à leur merci, le postillon ne pouvant faire prendre le galop à son attelage.

Les auberges situées dans des endroits isolés étaient aussi redoutées que les attaques des voleurs; elles ne justifiaient pas toujours leur fâcheuse réputation; mais, en général, elles n’offraient aucune ressource aux voyageurs qui s’y arrêtaient par force majeure et qui n’y trouvaient pas toujours à souper. La plupart, mal closes, malpropres, inhabitables, n’avaient que trois réduits infects: l’écurie, la cuisine et la chambrée. Cette chambrée était une sorte de dortoir, contenant des lits ou des grabats où couchaient pêle-mêle l’aubergiste et ses valets, ainsi que les voyageurs que leur mauvaise étoile y avait amenés.

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