Les Liaisons dangereuses

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Les Liaisons dangereuses est un roman épistolaire de Choderlos de Laclos (1782). – Les deux principaux personnages sont la marquise de Merteuil, intelligente et, sous des dehors de prude, corrompue, et le comte de Valmont, son ancien amant, roué froid et incapable d’amour. Valmont poursuit de ses assiduités une femme dévote et vertueuse, la présidente de Tourvel. En même temps Mme de Merteuil propose à ses talents une autre entreprise. Sa parente, Cécile de Volanges, doit épouser un M. de Gercourt, dont la marquise veut se venger. Il s’agira de corrompre la jeune fille, éprise déjà du chevalier Danceny, pour qu’elle arrive souillée dans les bras de son mari. Valmont réussit assez facilement, d’ailleurs. Il lui faut plus de peine pour triompher de la vertu de Mme de Tourvel. Il y parvient pourtant, mais abandonne bientôt la malheureuse, qui meurt de douleur. Mme de Merteuil rompt avec Valmont et le fait tuer en duel par Danceny, dont elle s’est éprise. Démasquée, ruinée, elle s’enfuit à l’étranger. Cécile entre au couvent, et Danceny se retire à Malte.

Dans cette œuvre, où le dénouement seul est moral et qui contient plus d’un détail licencieux, l’auteur, avec un style net et élégant, un art achevé, porte dans l’analyse de la dépravation une pénétration singulière, en même temps qu’une impassibilité absolue.

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L’époque victorienne – Autres écrivains

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Par contraste avec les peintres de la vie intime et domestique, Benjamin Disraeli (1804-1881), dont les nombreux romans parurent de 1827 à 1880 (Vivian Grey, Coningsby, Henrietta Temple, Endymion), et Edward Bulwer-Lytton (1803-1873), dont l’œuvre variée et abondante s’étend de 1828 à 1871 (Pelham, Eugène Aram, Ernest Maltravers, Les Caxton), tous deux hommes du grand monde et hommes politiques, ont surtout représenté des scènes historiques, politiques ou empruntées à la haute société, avec variété, éclat, esprit, mais sans rien approfondir, et avec plus de brillant que de solidité.

George Meredith (1828-1909) fit admirer dès L’Épreuve de Richard Feverel (1859) l’art consommé de ses analyses morales; puis vinrent Emilia en Angleterre (intitulé plus tard Sandra Belloni), Les Comédiens tragiques, Un de nos conquérants, etc. (1861-1895), parmi lesquels deux chefs-d’œuvre, L’Égoïste et Diane à la croisée des chemins (1879, 1885). Il peint surtout la société aristocratique; il dessine des portraits d’hommes d’une vérité profonde, de jeunes filles d’un charme séduisant. Il a pratiqué Molière, et réfléchi profondément sur le tragique et le comique de la vie. Son style, très personnel et étudié, est savoureux quand il n’est pas trop difficile.

Vers la fin de cette période paraissent des œuvres plus hardies, où se marque une réaction contre les conventions morales et sociales de l’époque victorienne. George Gissing (1857-1903) se débattit sa vie durant contre la pauvreté; ses nombreux romans sont le plus souvent des tragédies où le talent et la vertu sont aux prises avec la misère (Démos, Thyrza, Les Bas-fonds, Né dans l’exil, 1880-1898). Disciple de Dickens, il est plus exact, plus sobre, et beaucoup plus pessimiste, son réalisme s’exprime avec plus d’art.

Mme Humphry Ward (1851-1920), talent viril et grave, obtint un succès profond avec Robert Elsmere (1888), drame psychologique et religieux de la foi et du doute.

L’Américain Henry James (1843-1916), qui vécut surtout en Angleterre, étudia Flaubert et Tourguéniev, et voulut à leur exemple faire du roman une œuvre d’art. Dans ses longues nouvelles, Daisy Miller, La Muse tragique, etc. (1874-1890), et ses nombreux romans, Roderick Hudson, Les Dépouilles de Poynton, Les Ailes de la colombe, Les Ambassadeurs, etc. (1875-1903), d’abord il fait contraster les Américains et les Anglais, puis il se cantonne dans la peinture de la société anglaise d’un certain niveau. Son horizon est limité; spectateur impassible, il explore les mobiles des actions, et cette analyse va s’approfondissant au cours de sa carrière; il fait une place à l’humour, et ses romans sont bien construits.

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Le roman au 19e siècle – Europe – Amérique



British Library digitised image from page 7 of "Eugene Aram ... Copyright edition"

British Library digitised image from page 131 of "Eugene Aram ... Copyright edition"

The Private Papers of Henry Ryecroft, by George Gissing

The Ordeal of Richard Feverel, by George Meredith

The Egoist, by George Meredith

The Ambassadors, by Henry James

The Europeans, by Henry James

The Marriages and Other Stories, by Henry James

L’époque victorienne – George Eliot

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George Eliot (1819-1880) vivait dans le milieu littéraire de Londres, traduisait des philosophes allemands, éditait la Revue de Westminster. Elle se mit tard à écrire des romans; les Scènes de la vie ecclésiastique, nouvelles, Adam Bede, idylle tragique et étude de psychologie religieuse, Le Moulin sur la Floss, célèbre par sa vive fraîcheur et la finesse de l’analyse, Silas Marner (1857-1861), puis Middlemarch (1872) la mirent au premier rang des romanciers; quelques autres offrent un intérêt historique ou politique. Ses chefs-d’œuvre ont pour cadre la campagne anglaise, pour héros des gens très simples, observés avec délicatesse et sympathie; leurs sentiments, les drames obscurs de leur vie sont retracés avec un art puissant et vrai, tourné vers les problèmes de l’âme, souvent pathétique, parfois alourdi par l’abus de l’abstraction et une certaine épaisseur dans le style. Son succès a été européen.

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Le roman au 19e siècle – Europe – Amérique



Silas Marner, by George Eliot

Middlemarch -- England about 1830

Middlemarch, by George Eliot

Adam Bede, by George Eliot

Daniel Deronda, by George Eliot

L’époque victorienne – Les sœurs Brontë

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Charlotte Brontë (1816-1855) et sa sœur Emily (1818-1848) avaient grandi dans un morne presbytère au milieu des landes du Yorkshire. Le génie féconda leur brève et triste expérience de la vie; Charlotte fit paraître Jane Eyre (1847), qui inaugurait un roman nouveau, frémissant d’émotion et de passion, et obtint un vif succès, puis Shirley et Villette, autres études de sentiments où les souvenirs personnels jouaient un grand rôle. Emily Brontë n’écrivit qu’un roman, passionné et d’une séduction étrange, Les Hauts de Hurlevent (1847), dont la rare valeur n’a été bien reconnue que tardivement. Toutes deux avaient subi l’influence des Français, et surtout de George Sand.

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Le roman au 19e siècle – Europe – Amérique



L’époque victorienne – Thackeray

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William Makepeace Thackeray (1811-1863), lettré, homme du monde, donna des études critiques et historiques de valeur, des nouvelles, Le Livre des Snobs (1846); son premier grand succès fut La Foire aux Vanités (1848), suivi de Pendennis et d’un cycle remontant au XVIIIe siècle avec Henry Esmond, continué par Les Virginiens, Les Newcome (1850-1859). Héritier de ce XVIIIe siècle qu’il aime à faire revivre, il est froid, spirituel, ironiste incisif ou humoriste délicat. Profond observateur, il a laissé des figures très étudiées, touchantes ou ridicules; mais il entend servir la morale, et il moralise ouvertement: il se plaît à commenter lui-même les gestes de ces pantins dont il tire les ficelles.

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Le roman au 19e siècle – Europe – Amérique